Le mage était particulièrement fier de lui. Depuis son entrée dans la tour des Éléments il y a de cela déjà cinq années il avait appris de nombreuses choses. Il était certainement le meilleur étudiant de sa promotion. Il ambitionnait de devenir Archimage et pourquoi pas Magister. Afin d’accomplir ses désirs de carrière il n’hésitait pas à étudier des sujets dangereux, à enclencher des runes volatiles. Mais ces précautions valaient pour les mages incompétents, ceux qui n’avaient pas son talent.
En tout cas, c’est ce qu’il pensait avant de faire exploser son laboratoire et une partie du quartier où il s’était installé en périphérie de Blanchefleur.
L’explosion avait tué de nombreuses personnes. Dont le mage.
Pourtant, le voilà qui se réveillait dans une pièce sombre. Il tenta de se relever, mais ses membres étaient engourdis et il ne réussit seulement qu’à retomber lourdement sur le sol de pierre. Il laissa ses yeux s’acclimater lentement à la pénombre et se rendit compte qu’il était dans une sorte de château. Le sol ainsi que les murs étaient en marbre gris, veiné par des filaments d’une énergie turquoise qu’il ne reconnaissait pas. Il observa autour de lui et sursauta en se rendant compte que d’autres personnes étaient présentes depuis le début. Dont une femme qui le toisait depuis un trône de ce même marbre froid.
Un haut escalier le séparait de la femme mystérieuse. Elle était particulièrement belle, mais une lueur inquiétante émanait d’elle, la même énergie qui se répandait dans les veines du marbre. Paniqué, le souffle court, le mage se releva et tenta de conjurer une flamme dans sa main. Mais, alors que le sort était des plus basiques, il n’y parvenait pas.
- Quelques soucis de performances mage ?
La voix de la femme était à l’image de son physique, séduisante mais inquiétante. Voire même terrifiante.
Le mage commençait à paniquer. Il était avant tout un chercheur et pas un combattant. Si en plus de cela, sa magie lui faisait défaut… Il ne savait plus quoi faire, ni quoi dire. Il jeta des regards rapides vers le reste de la salle. Les faibles formes qu’il avait perçu étaient toujours particulièrement floues. Il pouvait reconnaître des silhouettes humaines, mais pas de visages. Ils étaient tous entourés d’une sorte de fumée colorée. Cette couleur devenait obsédante pour le mage, il sentait la panique l’envahir.
- Calme toi tu veux ? Nous ne sommes pas tes ennemis. Quel est ton nom, demanda la femme sur le trône.
- Clintz, soupira le mage.
En entendant son nom, la femme, haussa les sourcils.
-Hé bien mon cher… Clintz… tu es mort. Navré.
Le mage se rappela effectivement l’explosion du laboratoire. Personne ne pouvait survivre à une explosion pareille. Il baissa la tête et les épaules, de découragement.
-Vous êtes la déesse du Cycle c’est ça ? Vous allez m’emmener avec les autres spectres… conjectura Clintz.
- Hein ? Je ressemble à une déesse moi ? Regarde ma peau, j’ai l’air d’être dorée, plaisanta la femme.
Clintz tourna lentement la tête. La femme descendait lentement les marches qui séparait son trône du reste de la pièce. Elle était décidément très belle, mais loin d’avoir le physique d’une déesse. Elle ne faisait pas plus de deux mètres cinquante, mais avait une taille humaine classique et sa couleur n’était pas d’or, mais d’un blanc marbré avec des reflets bleus.
- Mon nom est Roneva. Les gens d’ici me considèrent comme leur Reine, mais il n’y a pas vraiment de royaume à gouverner. Disons que je peux être ton guide. T’aider à survivre ici et à trouver ta place.
Maintenant qu’elle était en face lui, la femme n’était plus du tout inquiétante. Sa couleur de peau était étrange, mais ses paroles étaient rassurantes. Clintz comprenait où il s’était retrouvé. Il n’était pas mort de façon classique, donc la déesse du Cycle ne pouvait pas l’emmener vers le reste de son existence. Son égo et ses expériences l’avaient condamnées hors du cycle normal. Il était maudit. Alors qu’il comprenait, tout autour de lui devenait plus lumineux, les ombres fantomatiques devenaient des personnes normales, leur couleur de peau marbrées mises à part. Clintz leva les yeux vers le plafond et contempla le ciel grâce à la coupole de verre. A la place du Soleil se trouvait un immense œil incandescent, de la même couleur bleu que le reste. Sa pupille se déplaçait lentement, observant le monde en dessous. Ce monde, Clintz l’avait deviné, était le monde du Chaos, demeure des mages trop ambitieux qui se laissaient submerger par l’énergie magique.
Le mage soupira. Sa vie de mortel était derrière lui. Il s’agenouilla face à Roneva.
- Ma Reine, je jure de vous servir jusqu’à la fin des temps.
- La fin des temps hein, s’amusa Roneva. Ça fait pas mal de temps tout de même. Aller, ne soit pas ridicule et relèves toi.
Elle jeta un œil amusé vers l’un des autres mages de l’assistance.
- J’ai jamais compris pourquoi vous faisiez tous ça, c’est flatteur hein, mais c’est pas nécessaire.